L'autobus à impériale

L'autobus



Le groupe
Qui n'a jamais eu, dans son enfance, un terrain vague, un vieux grenier, une mansarde
un garage, une grange, un lieu privilégié pour vivre ses rêves en toute quiétude ?

Dans cette charmante petite série britannique du début des années 70
produite par Messieurs Harry Booth et Roy Simpson et intitulée Here come the Double Deckers
c'est un hangar inutilisé, garni d'un splendide autobus à impériale typiquement londonien, qui sert de Q.G. au Club des Espiègles
sept copains insouciants et heureux de vivre.
Cinq garçons de styles très différents sont au cœur de l'action :
Cap'tain le chef d'équipe, Youpla le black jovial, Solo le batteur en herbe, Prof l'intello et Glouton le boulimique.
La parité n'étant pas encore de rigueur à l'époque, les producteurs n'ont prévu
que deux demoiselles pour donner la réplique à ces cinq play-boys :
Belle la bien nommée, fine et élancée, et Tigrette la benjamine, toujours flanquée de son tigre en peluche (Calvin et Hobbes version soft).
Difficile de ne pas penser à la BD les 4 AS de Craenhals et Chaulet
qui mettait en scène le même type de personnages, simples, passe-partout, mais efficaces.


Scooper

Brains

Doughnut

Spring

Sticks
 

Billie

Tigrette

Tiger
 


Tous ces turbulents zigomars, unis comme les sept doigts de la main
(Oui, je sais, mais Casimir en a bien quatre, alors, commencez pas à chipoter !)
vivent leurs mésaventures et tribulations en compagnie de leur pote Albert
l'indispensable adulte resté très proche de l'enfance (interprété par Melvin Hayes, qui s'occupait aussi des dialogues de la série).
Partout où ils passent, ils sèment la panique, le chaos, le capharnaüm, le tohu et le bohu,
l'embrouillamini foutoiresque et la cure intensive de calmants surpuissants.
Dignes rejetons spirituels de Laurel et Hardy, héritiers des Comedy Capers en noir et blanc
ils ont un talent extraordinaire pour l'initiative cataclysmique et l'arlequinade dévastatrice.
S'ils pourchassent, dans les coulisses de Hollywood, le petit chien d'une actrice qui s'est échappé des bras de sa maîtresse
les studios s'écroulent sous les improvisations de ces figurants inattendus.
S'ils visitent un vieux manoir prétendu hanté, ils se retrouvent au cœur d'une chasse aux spectres
avec poursuites infernales en vitesse cartoon, portes qui claquent, escaliers qu'on dégringole et qu'est-ce qu'on rigole, Anatole !

Mais en dehors de leur côté BCBG (Bourdes, Clowneries et Belles Gaffes)
les membres du Club des Espiègles ont un cœur gros comme ça !
Ce sont de joyeux troubadours, ils nourrissent une vraie passion pour la chanson
et ne tiennent jamais bien longtemps sans entonner un couplet primesautier ou romantique.
Quand ils partent camper, ils bercent leur petite Tigrette en lui chantant Granny's Rocking-Chair sous les étoiles,
et quand ils accompagnent Albert dans sa voiture, c'est au son de refrains folâtres qui rythment le voyage.
Dans l'épisode intitulé The Pop Singer, les sept biquets rencontrent un chanteur ringard mais plein de foi en son art,
et ils se portent tout naturellement à son secours pour l'aider à conquérir le succès.

D'autres anecdotes croquignolettes ont encore jalonné le parcours de l'équipe : notamment les frasques de Glouton devenu invisible,
le voyage onirique de Cap'tain au pays des merveilles (avec la toute jeune Jane Seymour dans le rôle d'Alice)
ou le passage de Youpla devant le juge pour dégâts spectaculaires causés par son go-kart.

Le générique de la série a lui aussi marqué les jeunes téléspectateurs de l'époque,
grâce à une chanson dynamique, pétillante, qui donnait le ton et annonçait d'emblée la couleur,
et surtout au décor hétéroclite du hangar :
les mécanismes de poulies bricolés par Prof, les portes secrètes,
les pneus suspendus, les ballons, les bustes sculptés, les drapeaux à damier,
l'énorme soleil souriant peint sur une barrique,
l'horloge orange totalement kitsch dont les aiguilles tournaient à l'envers…
Ce superbe générique se terminait par un rapide défilé de visages où les membres de l'équipe avaient l'air de jouer à qui ferait la grimace la plus intéressante.
Avec, comme point d'orgue, un clin d'œil de Tigrette qui semblait dire au public :
" Attendez, cramponnez-vous aux accoudoirs de votre fauteuil, vous n'avez encore rien vu… "




Auteur: Le chapelier fou © 2005